L’huile de cade, distillée à partir des branches de Juniperus oxycedrus, est l’une des huiles essentielles les plus utilisées en médecine traditionnelle marocaine. Elle contient du phénol qui a une toxicité cardiaque, rénale, hépatique, neurologique, dermatologique et une atteinte des voies respiratoires.

Nous rapportons le cas d’une intoxication au phénol suite à l’ingestion de l’huile de cade avec une toxicité neurologique, rénale et pancréatique et révélant une IRCT au sein du service de néphrologie du CHU Mohammed VI à Oujda.

Description clinicobiologique d’un cas hospitalisé au service après intoxication au phénol.

Un patient de 17 ans, se présentant aux urgences environ 10heures après l’ingestion de la rubia et de l’administration de l’huile de cade par voie nasale, auriculaire et orale pour des troubles intestinaux. Dans l’heure qui suit l’ingestion, le patient a développé une épistaxis suivie d’un trouble de conscience. À l’admission, le patient avait un score de Glasgow à 12/15^e, avec au scanner un œdème cérébral, sans défaillance hémodynamique et avec une dyspnée liée à une acidose métabolique. Le tableau biologique était marqué par une anémie hémolytique à 4g/dL, LDH 4 fois la normale, une insuffisance rénale avec créatininémie à 1280 μmol/L, hyperparathyroïdie à 1203pg/mL, et une hypocalcémie à 83mg/L. La lipasémie était à 25 fois sur une pancréatite stade E. Après traitement symptomatique et plusieurs séances d’hémodialyse conventionnelle, l’évolution a été marquée par l’amélioration des paramètres cliniques et paracliniques, mais le diagnostic d’une IRCT potentiellement accutisé par la prise de l’huile de cade a été retenu devant la taille des reins réduites et les différents paramètres biologiques de l’IRC. On n’a pas noté de toxicité cardiaque ni dermatologique.

L’huile de cade reste largement utilisé au Maroc comme traitement traditionnel. Il est utile de rappeler le tableau différent et potentiellement grave de l’intoxication aux phénol.